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The départ de Frantz Dumény

En Souvenir de Frantz Dumény

Par Fritz Gelin



Me fut parvenue un bon moment après l’état de fait, comme pour amorcer son impact émotionnel et atténuer ainsi une quelconque peine subséquente, la nouvelle du départ vers l’au-delà d’un ami d’enfance, Frantz Dumény.

A l’Ecole Saint-Esprit où il fit ses études primaires, Fanfan fut camarade de classe de mon frère Jean-Robert et de beaucoup d’autres qui gardèrent de lui le souvenir d’un condisciple studieux et attentif, deux qualités qui lui serviraient plus tard d’atouts indispensables au Collège Canado Haïtien, où il devait boucler ses études secondaires et aspirer à une formation universitaire.

Fanfan choisit Science Politique et Gestion à l’Institut National de Gestion et des Hautes Etudes Internationales, afin de parfaire sa formation académique. Ayant complété trois années d’études à l’INAGHEI, il devait retourner à Lascahobas au seuil de sa quatrième et dernière année d’études, et entamer de préférence une carrière d’enseignant dans sa ville natale. Semblant se préparer pour s’engager dans la voie politique déjà tracée par son père, le feu Faustin Dumény, Fanfan choisit plutôt la voie du Maitre, celle d’inculquer du savoir aux jeunes cadres et les imprégner de son sens civique et de sa soif d’apprendre. Là devait éclore et conclure à la fois sa contribution dans sa terre natale, mais son apport au bien commun l’aura survécu pour longtemps encore.

Fanfan, l’intellectuel et l’enseignant, nous est connu au moyen de sa forte marque dans la formation des autres. Mais c’était qui, Fanfan, l’homme, l’être spirituel? S’étant très tôt découvert peu doué pour devenir un footballeur, le seul sport qui jadis garantissait l’éclosion de talents athlétiques, Fanfan fut l’un des premiers à s’identifier une équipe de football à Lascahobas, dont il aurait plus tard à porter les couleurs, en tant que fan, et partager ainsi la joie d’un sport aimé par toute une population. On le verrait, par exemple, un dimanche après-midi, en habit rouge, en route vers le terrain de football, pour aller supporter son équipe, le Club Prestige de Lascahobas.

Ce sens inné qu’il avait de s’identifier une manière unique d’exprimer son moi et de célébrer ainsi sa joie, en se l’appropriant, l’aurait mis plus tard sur la voie du manager de sport, celui qui suscita et organisa, de porte en porte, une conscience collective dans la diaspora lascahobassienne vivant à Port-au-Prince, leur offrant une opportunité d’apporter leur soutien au maintien des clubs sportifs à Lascahobas. D’un simple admirateur de sport, Fanfan s’érigea rapidement en collaborateur et contributeur à la survie de l’esprit sportif, après le départ dans les années 80 de nombre de joueurs et dirigeants lascahobassiens, notamment vers les États-Unis et le Canada.

Hélas, ses amis d’enfance devaient trafiquer d’autres marées et se séparer ainsi de lui. S’étant replié sur lui-même, probablement en réponse à un certain questionnement existentiel, Fanfan devint solitaire, et taciturne. Sa carrière d’enseignant et sa famille, plus tard, auraient offert à ce gentil esprit une nouvelle raison de vivre, et une passion, afin de s’épanouir encore une fois.


Adieu Fanfan.