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IL Fut Un Temps, FANMI LAVALAS


IL Fut Un Temps, FANMI LAVALAS

Par André Jean-Rony Monestime




L’aube des années 90 a été pour Haïti une période d’espoir et d’euphorie. L’écho de la démocratie a commencé à se faire entendre sur tout le territoire national; le paysage médiatique est moins pollué par la répression et l’annonce d’une première élection libre remaillait la chaîne morbide de la fièvre du changement.

Du même coup, les partis politiques traditionnels et post-Duvaliéristes étaient prêts à conquérir le pouvoir. La tendance anti-macoute se révélait rigoureuse à cause des cicatrices laissées par la dictature qui ont été encore remarquables. Dans l’intervalle, la gauche haïtienne devient la maîtresse du firmament politique.

En raison de la circonstance de l’heure, de l’esprit anti-conservateur, de l’aspiration à une ère nouvelle, une plateforme populaire nous est née: FNCD. Cette plateforme a choisi le prêtre de St Jean Bosco, partisan de la théologie de la libération, Jean-Bertrand Aristide, pour la représenter aux élections présidentielles.

Père Titid, d’un charisme inouï, a mis K.O. tous les autres candidats, en gagnant 67 % des voix. D’où devient-il le premier président élu d’un scrutin libre d’Haïti?

Le prêtre-candidat a utilisé, pendant la campagne, un slogan qui se métamorphose en un credo imposant: Koq Kalite LAVALAS. C’est probablement ce qui est à l’origine de l’hécatombe des grands mammifères du terroir politique national, en particulier, le MIDH de Marc L. Bazin. Et, le mouvement Lavalas a connu une mutation historique qui a conduit à la fondation de Fanmi Lavalas, entité politique personnelle du jeune prêtre- président. Cette organisation est figurée aujourd’hui parmi les plus populaires de l’histoire de la République.

Le parti de TITID a vu le jour au pouvoir mais a vécu des déboires amers et accablants.

D’ailleurs, le leader n’a jamais terminé un quinquennat à la tête de la magistrature suprême de la nation. Son premier mandat, avant la naissance de la Fanmi, a été écourté par un coup de forces de l’armée, le 30 septembre 1991 et le second sous la pression de la rue et de l’international, le 29 février 2004, au printemps de l’existence de son parti.

Cependant, la plupart des jours sombres de cette formation politique sont dues à l’égoïsme de son propre fondateur. D’abord, président Aristide s’érige en un monarque infaillible. Il traite tous ses camarades de parti en subalterne piteux et sous-estime leur avenir politique. À l’évidence, voilà qu’il essuie un exil en terre Zoulou depuis 2004, il n’a jamais eu de substitut. Tout par lui et pour lui.

De surcroît, au cours d’une récente entrevue accordée à Radio Solidarité, une station privée de Port-Au-Prince, Dr Titid ne voit une continuité qu’à son retour au pays. C’est-à-dire, non seulement qu’il doit nommer son successeur, mais cela se fera sous sa présence physique, en dehors de toute norme démocratique.

En d’autres termes, la survie de Fanmi Lavalas se coïncide avec le retour de son chef suprême à vie. Alors que prévoir le retour du Dr Aristide en Haïti, avant un lustre, parait utopique et irréaliste. Surtout, quand on met en exergue et le contexte géopolitique de son départ et la mise sous tutelle d’Haïti. Le blanc qui a investi pour faire échouer Titid, investira cette fois dans le tourisme et dans la sous-traitance, pour mieux exploiter la main d’œuvre haïtienne mais ne s’associera point à répéter un passé qui lui portera préjudice.

Autrement dit, Dr Aristide ne reverra pas la terre Dessalinienne en ce temps hostile aux figures charismatiques.

Et pour cause, Fanmi Lavalas va connaître une léthargie comparable à celle du MOP de Fignolé. Les raisons sont multiples: le comité directeur est humilié par la présence de Maryse Narcisse, un premier somnifère; le président Préval a démantelé les bases en achetant bon nombre de ses meneurs comme Moïse Jean-Charles, Samba Boukman, Yves Cristallin et autres, voilà l’anesthésie; Et, à tout cela s’ajoute la chasse aux sorcières de Gérard Latortue, pour en faire une courte citation.

Notamment, l’expérience de l’opposition n’a jamais été facile pour un parti qui a été toujours au pouvoir. Fanmi Lavalas est entrain de faire connaissance avec la vie d’enfer de l’opposition haïtienne. C’est un parti qui sera tripoté pendant long temps par ses anciens amis; en témoignent ses revers électoraux.

En fait, l’égocentrisme de son chef, la haine de ses ennemis, le contexte conjoncturel du pays, l’exécution de nombreux de ses sympathisants et la mission secrète de René Préval augurent déjà son déclin: Fanmi Lavalas est en lambeaux. Au point que, les élections présidentielles à venir pourront même chanter ses obsèques, en cas de l’arrivée au pouvoir d’un protégé de l’international.

Le présent sera le passé; le premier sera le dernier; seul le futur aura raison. Il fut un temps, LaFanmi. Hélas!